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SATOR – Automne 2023

Edito

Triangle d’or ou d’argent ?

Le Triangle d’Or fascine les foules, non pas pour l’or qui n’est que symbolique et pas seulement pour le luxe mais aussi pour l’argent, qui est lui bien sonnant et trébuchant. Non pas que l’argent y ruisselle, car malgré la présence de grandes enseignes de luxe et de palaces, il ressemble à travers un nivellement par le bas, à la plupart des quartiers haussmanniens de la capitale, sans qu’on dénote aucun traitement de faveur sur le plan de la mise en valeur, de la propreté et de la sécurité (bien au contraire) et sans qu’on distingue non plus une fréquentation huppée et sophistiquée comme cela a pu être le cas jadis ou dans d’autres capitales qui prennent beaucoup plus soin de leurs beaux quartiers.

L’argent du Triangle d’or est en filigrane, plutôt discret depuis l’origine, ce quartier est comme beaucoup le fruit d’une spéculation qui date du développement haussmannien qui a reconquis, modernisé ou construit certains quartiers. Au fur à mesure du temps, l’ouest parisien a eu plus la cote que l’est sans qu’il y ait d’autres raisons autres que le développement plus récent à l’ouest et la présence de bureaux et de monuments emblématiques. Au monopoly parisien, l’avenue Montaigne (qui n’est pas dans le jeu) est parmi les avenues les plus chères de Paris, mais c’est un micro-marché dû à la fin programmée des immeubles d’habitation et des commerces de proximité puis la présence du Luxe qui par mimétisme peu à peu fait monter les enchères. 

La spéculation récente, essentiellement liée aux investisseurs institutionnels et à quelques groupes étrangers en mal de placements, après avoir vidé la plupart des immeubles d’habitation pour en faire des immeubles de bureau qui rapportent plus, devient plus insidieuse depuis quelques années. Par exemple un énorme scandale immobilier couve depuis une dizaine d’années, avec le rachat d’une douzaine d’immeubles achetés par des sociétés écran dont on suppose qu’elles sont liées entre elles et financées par de l’argent caché: ces immeubles ont été rénovés mais restent vides, dans l’espoir probable de créer de la rareté ou de vendre des blocs à prix d’or. Personne ne semble pouvoir dénouer la situation, ni les édiles, ni l’administration. Ces immeubles fantômes posent un problème car ils ternissent l’image et la vie de quartier et seraient en risque en cas de difficultés financières des propriétaires ou de saisie. Des scénarios catastrophe seraient le rachat en bloc des immeubles pour les transformer et casser l’harmonie haussmannienne du quartier (déjà bien entamée) ou de certains immeubles par la Ville qui tient par-dessus tout à installer des logements sociaux à tout prix et partout. Ce serait au détriment des impôts des parisiens, déjà relevés monstrueusement cette année et la double peine de voir le quartier se dégrader.

En tant que modeste association de quartier, SATOR ne peut rien faire pour s’opposer concrètement à ce règne de l’argent tout-puissant et à l’idéologie la plus rétrograde, nous ne pouvons qu’alerter les habitants du quartier et sensibiliser les édiles, l’administration et les amoureux du patrimoine pour que vive ce quartier et que l’or ne soit pas transformé en plomb.

François Vilnet, 

Président

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