Le luxe à la française est né dans l’ancien régime sous le règne du Roi Soleil avec Colbert qui lança les premières manufactures de produits rares er recherchés. Il a perduré jusqu’à nos jours malgré les guerres, révolutions et crises :la France reste un symbole de luxe international et des métiers d’art malgré la concurrence. Demeure aussi un certain art de vivre à la française que certains continuent à copier ou nous envient. Faut-il cependant bannir le luxe qui peut paraitre inconvenant et superflu en période de crise au moment où beaucoup souffrent ou s’appauvrissent ? Le luxe n’est pas forcément lié à la richesse ou ostentatoire et peut être comme l’art, la lecture et la musique, un refuge en période et un talisman envers le malheur.
Quid du Triangle d’Or dans cette période de régression, d’isolement et de fermeture ? le quartier de la fête et de la distraction est en berne à travers les deux confinements qui ont sapé l’activité des lieux de convivialité et de tentations ; magasins, hôtels, bars, restaurants, musées, théâtres, discothèques et cinémas. Il est en particulier privé de sa clientèle internationale et provinciale : moins de fréquentation, moins de fêtes, moins de glamour. Même les faiblardes décorations de noël n’arrivent pas à ranimer la flamme de ce quartier endormi
Pour couronner le tout, les deux grands projets parisiens qui auraient pu transformer radicalement le Triangle d’Or et lui redonner du lustre, du plomb dans l’aile (rénovation des Champs Elysées et transformation du Grand Palais avec un nouvel espace commercial). Il s’agissait en fait pour leurs opposants de « projets pharaoniques », manière de dire que l’argent public aurait été mieux utilisé ailleurs. Il semble que la crise sanitaire et les problèmes qu’elle a induit pour l’Etat et la Ville de Paris ainsi que des changements de stratégie des pouvoirs publics en ait eu raison, à minima celui du Grand Palais, qui était programmé pour commencer en 2020.
La nouvelle ministre de la Culture vient ainsi d’enterrer sans tambour ni trompette, sans doute définitivement, le projet de restructuration du Grand Palais avec création de nombreux espaces et d’une rue souterraine, programmé pour faire rayonner pour les Jeux Olympiques. La raison n’en est pas budgétaire, contrairement à ce qu’on pourrait penser, mais écologique et patrimoniale : il s’agit d’une simple restauration, mais avec un budget identique au projet abandonné. Ce sera certainement plus sobre et plus en ligne avec le monument historique d’origine, à contrario cela n’aura pas d’impact sur le quartier et peu sur sa fréquentation.
Le projet du Comité des Champs Elysées est plus long terme et non chiffré, on verra comment il évolue post-crise et s’il est retenu par la Ville de Paris, sans doute pas dans les priorités, et probablement étalé dans le temps. Même s’il est modifié ou restreint, souhaitons que son ambition demeure et qu’on parvienne à améliorer l’environnement immédiat : le Triangle d’Or en a sacrément besoin.
François Vilnet,Président