Le Quartier François 1er et le Triangle d’Or.
Une situation exceptionnelle à l’ouest de Paris
Le quartier entre Seine et Champs Elysées, autrefois dénommé quartier François1er, jouit d’une situation très particulière à l’ouest de Paris. Il est en effet entouré à ses bornes ou à ses marges de sept monuments ou lieux emblématiques du patrimoine historique, politique et architectural de Paris représentant des lieux symboliques de :
- Concorde, Tuileries, Louvre : Royauté et Révolution
- Invalides : Age Classique et Roi Soleil
- Arc de Triomphe : Empire et Gloires militaires
- Champs Elysées : Luxe et patriotisme
- Elysée : Pouvoir et République
- Grand Palais : Belle Epoque et Expositions Universelles
- Tour Eiffel : Modernité et audace architecturale
Même dénaturé par quelques immeubles de bureaux d’après-guerre, il a peu changé
depuis son urbanisation au 19ème siècle, et reste un quartier résolument haussmannien et homogène.
Une histoire singulière : d’un marécage à la quintessence du luxe
Les terrains entre le Grand Cours (futurs Champs-Elysées) et le Cour la Reine sont depuis les temps historiques jusqu’à l’Age Classique des marécages (suivant l’ancien lit de la Seine, qui déborde régulièrement) entourés de maraichages. On parle alors de second Marais, en référence au Marais du centre de Paris, comblé et loti à la Renaissance. Ils furent peu à peu asséchés et récupérés au cours du 18ème siècle.
Les terrains des Tuileries achetés par François 1er servirent à l’édification du château des Tuileries par Catherine de Médicis à partir de 1564 puis au développement du jardin des Tuileries. Marie de Médicis décida en 1618 d’un jardin le long de la Seine au-delà des Tuileries qui deviendra la promenade de la Cour et prendra le nom de Cours la Reine. Dans les années 1660, Colbert demande à Lenôtre d’ouvrir une perspective à l’ouest du jardin des Tuileries, ce fut une artère plantée d’ormes nommée le Grand Cours (devenue les Champs-Elysées). L’allée des Veuves fut tracée en 1770, entre les Champs-Elysées et la Seine, puis devint avenue Montaigne
en 1850. Ces terrains boisés proches de Paris et isolés furent depuis le 18ème siècle des lieux de rencontre et de galanterie, tradition demeurant jusque dans les années 50.
Le lancement immobilier du quartier se fit en 1822 à l’occasion du lotissement François1er (nom lié à une maison renaissance au coin de la rue Bayard et du Cours la Reine, dite de François1er) avec la création de la place François 1er, emblématique du quartier. Le développement se fit au long du 19ème siècle avec la construction de tout le quartier actuel, du Rond-Point des Champs- Elysées à l’Etoile. C’était alors un quartier aristocratique avec de nombreux hôtels particuliers et bourgeois avec des immeubles habitation de type haussmanniens.
Après 1850, le quartier en création accueillit plusieurs établissements de réceptions, bals et divertissement et devint un des principaux lieux de fête, promenade et récréation à Paris. Par la suite, il fut au cœur des expositions universelles de la Belle Epoque, qui ajoutèrent à la gloire de
Paris La transformation en bureaux commença au 20ème siècle, avec la proximité du chemin de fer et le lancement du métro.
Dès le début du siècle, des hôtels de luxe, devenus palaces s’y installèrent puis dans les années 20, des commerces de luxe furent attirés par l’aspect alors prestigieux des Champs-Elysées, en particulier des couturiers. On commença à parler de ‘triangle d’or’, qui concentrait la plupart des maisons de luxe entre l’avenue Montaigne, les Champs-Elysées et l’avenue Georges V.
L’installation dans les années 40 de la maison Dior, devenu le couturier le plus célèbre du moment, accrut la notoriété du quartier. A la fois quartier d’affaires et du luxe, il est devenu au fil du temps le symbole international du luxe français et de la haute couture.
Un caractère unique : luxe, fête et volupté
Il est des quartiers de Paris qui perdent leur âme, il en est d’autres qui ne perdent que leur nom mais quelque part leurs racines : le quartier François 1e (dit aussi quartier de la Renaissance, la plupart de ses rues portant des noms d’hommes de l’époque) est de ceux- là, son nom étant quasiment oublié, même si son faste demeure.
Pourtant ses habitants, dont de nombreux écrivains et artistes, l’ont connu et aimé comme tel dans la période 1850-1950, siècle au cours duquel Paris fut la capitale intellectuelle et artistique du monde. Depuis, il est passé d’un quartier élitiste à un quartier d’affaires et de commerces, porté par les grands couturiers mais délaissé par ses habitants.
Ce quartier, marqué à différentes époques par la volupté, la fête et le luxe mériterait de retrouver son aura correspondant aux ambitions et à la munificence du souverain de la Renaissance, épris de luxe et de beauté.
La Société des Amis du Triangle d’OR, association culturelle et patrimoniale créée en 2019, souhaite à travers son action, ses publications et ce site, mettre en valeur le patrimoine historique, culturel et artistique du quartier.