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SATOR – Été 2023

Edito

Le Triangle d’Or de Charybde en Sylla

Qui sauvera le Triangle d’Or? Non pas qu’il soit en soins palliatifs, mais la dilution des responsabilités rend les décisions raisonnables quasi-impossibles alors qu’il il est clairement en péril par le manque de considération qui lui est porté et de vision pour une ville belle, diverse et gardant son originalité. Entre autres, parce que toutes les règles conçues par des édiles fourvoyés s’appliquent indistinctement à tous les quartiers, sans prendre en compte leur particularisme, leur histoire, leur patrimoine, leur essence. Au nom d’une égalité factice, où tout devrait être pareil partout, ce qui voudrait dire que rien ne serait bien nulle part.

Il n’est pas nécessaire pour être nostalgique d’être un aficionado du vieux Paris des années cinquante où fleurissaient encore dans le triangle d’or plus qu’ailleurs des bars louches, des boites de nuit, des messieurs en chapeau et des dames légères croisant en fourrure les grandes avenues dans de belles américaines, quelque part ce qui faisait le sel des polars en noir et blanc où jouait Gabin et dialoguait Audiard. Il suffit d’être un habitant ayant traversé la cinquième république ou d’être un observateur sensible pour saisir ce qui se passe dans le Triangle d’Or. Il s’agit d’un changement à bas bruit mais continu où le quartier et sa fréquentation changent de façon radicale. Sous un affichage de luxe et de paillettes, il y a un changement de fond avec une perte de tout ce qui était chic et raffiné pour un mélange indistinct de population à la recherche de consommation de luxe et de divertissement au rabais.

Le dernier avatar en date qui pourrait être le clou dans le cercueil du Triangle d’Or est un autre fantasme des édiles parisiens est le dernier plan local d’urbanisme de Paris (PLU) qui régit le droit des sols et des constructions (hormis les secteurs sauvegardés) mais qui sous couvert de développement durable et de verdissement, organise des logements sociaux à tout va pour uniformiser la ville, ce qui est en fait le contraire de la diversité. La double peine est que pour maintenir un train de vie excessif et préempter des immeubles chers, il convient d’augmenter les taxes (en l’occurrence de 60 pct) et qu’on demande aux habitants de payer eux-mêmes pour ladégradation de leur quartier dont il y a belle lurette que les classes moyennes et les familles sont parties. Que la mairie du 8ème arrondissement ait cru bon de voter ce plan en dit long sur le manque d’ambition des édiles.

La seule solution pour limiter ces manœuvres est ce que propose SATOR depuis des années, à savoir le passage en secteur sauvegardé du Triangle d’Or. Il ne s’agit pas de retrouver une identité perdue et qui a fluctué au cours des époques, mais de garder un caractère à certains quartiers emblématiques et sauver ce qui peut être sauvé de son patrimoine.

La Société des Amis du Triangle d’Or (SATOR) est un cercle de réflexion qui s’est donné pour principale mission but de rendre son lustre à un quartier en apnée, comme en ce moment de tous les dangers.

SATOR travaille aussi en coopération avec une association PRODOMO (cercleprodomo.org) axée sur le patrimoine et qui organise des soirées culturelles. Le Triangle d’Or a tout ce qu’il faut en matière d’animation (cinémas, théâtres, salles de concert, restaurants, bars), mais qui manque de réflexions sur son identité et son patrimoine, ainsi que d’occasions pour ses habitants de se rencontrer.

François Vilnet,

Président

SATOR continue d’œuvrer à travers son action à la promotion de l’héritage historique, culturel et artistique du Triangle d’Or qu’il faut continuer à mettre en valeur et qu’il faut protéger pour éviter de le dénaturer.

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